La Tribune de l’Art
2017
Didier Rykner, « Une souscription des Amis des musées de Rouen », La Tribune de l’Art, 19 juillet 2017:
« – Souscription – Rouen, Musée de la Céramique – C’est un très important service à thé en porcelaine de Sèvres – et son coffret intact (ill. 1) – que veulent acheter les musées de Rouen (pour le musée de la Céramique). Une grande partie des fonds a déjà été réunie grâce à la participation de la Métropole, de l’État, et des amis des musées (qui contribueront pour 50 000 €), tandis que 10 000 € sont recherchés grâce à une souscription publique lancée par cette dernière association. Cet ensemble présente une importance particulière pour Rouen et sa région1. Il s’agit en effet d’un service d’origine royale, offert en 1837 par Louis-Philippe pour la reine Marie-Amélie, qui représente des vues de Rouen et de différents sites de la région. Le plateau montre la ville depuis la colline de Bonsecours, avec la cathédrale ayant perdu sa flèche après l’incendie de 1822 (ill. 2), tandis que les pièces du service montrent différents lieux normands. On voit ainsi sur la théière le hameau de Dieppedalle et une vue de l’île Lacroix ; les châteaux d’Eu et de Tancarville sur le sucrier ; les ruines du château d’Arques-la-Bataille, du château de Lillebonne, de Darnétal et de la chapelle Saint-Adrien à Belbeuf sur les tasses. L’auteur de ces paysages est un peintre spécialisé de la manufacture, Jean-Baptiste Gabriel Langlacé. Celui-ci ne s’est pas seulement inspiré de gravures mais s’est probablement rendu sur place pour réaliser ce décor. Le directeur de la manufacture, l’architecte Alexandre Brongniart, avait demandé que l’industrie française soit soutenue par la production de Sèvres, ce qui explique que l’on peut voir ici des paysages d’usines (ill. 3). Langlacé réalisa quelques années plus tard, toujours pour la manufacture, une autre œuvre liée à la Normandie, un guéridon des Vues du bord de Seine qui devait servir de cadeau diplomatique de Louis-Philippe au bey de Tunis et qui se trouve désormais conservé au Musée du Louvre.
La provenance récente de cet ensemble de porcelaine de Sèvres, vendu par Camille Leprince et Christophe de Quénetain, est presque la même que les pièces que souhaitait acquérir Fontainebleau également grâce à une souscription (voir la brève du 30/8/16). Une partie de celles-ci ont pu finalement être achetées et font désormais partie des collections du château, nous reviendrons bientôt sur ces acquisitions dans une prochaine brève. Il est dommage que la souscription ne soit pas accessible via internet. Vous pouvez télécharger ici le bulletin, et noter qu’elle continuera au delà de la date annoncée du 30 juillet. »