The Art Newspaper
2018
Martine Robert, « Comment la Tefaf de Maastricht s’assure de l’origine de ses antiquités », Les Echos, n° 22649, 6 mars 2018, p. 21 :
« La fameuse foire aux Pays-Bas ne mobilise pas moins de 200 experts chargés d’inspecter les œuvres ce mardi et mercredi. l Avant l’arrivée des VIP dès jeudi. La plus importante foire d’antiquités au monde, la Tefaf (The European Fine Art Foundation), revient aux Pays-Bas dès les 8 et 9 mars pour les VIP et du 10 au 18 pour le grand public. A Maastricht, le nombre d’exposants (273) de cette 31e édition ne faiblit pas, malgré une fréquentation en léger recul de 75.000 en 2016 à 71.000 en 2017, du fait de la nouvelle déclinaison de la foire à New York. L’excellence française est à l’honneur avec 49 exposants, soit 10 de plus que l’an passé, un record. Et dans les trente spécialités représentées, réparties par sections, Tefaf Antiques domine toujours largement avec 91 marchands mais la Tefaf Modern (54) se renforce, ainsi que Tefaf Design, grâce aux enseignes françaises justement tandis que Tefaf Tribal voit le jour. Dans un marché où l’art contemporain est roi, la vente pour 450 millions de dollars du « Salvator Mundi » de Léonard de Vinci par Christie’s en novembre a mis du baume au cœur aux professionnels. Christophe de Quénetain Membre du conseil d’administration de la Tefaf : « Nous faisons venir 200 experts du monde entier, le top du top, pour les rassurer [les acheteurs]. ». « On sent un frémissement dans l’art ancien de la part de nouveaux clients, notamment plus jeunes », souligne le marchand Christophe de Quénetain, membre du conseil d’administration de la Tefaf. Et pour rendre les maîtres anciens ou le mobilier d’époque plus sexy, la foire se montre exigeante sur la décoration des stands. « J’ai confié mon propre stand à l’architecte d’intérieur Charles Zana, qui s’est inspiré de l’univers du décorateur Henri Samuel, intervenu au château de Ferrières et au château Lafite des Rothschild. Cette mise en scène des œuvres n’est pas importante pour les conservateurs de musée, mais elle l’est pour la clientèle privée », reconnaît-il. Salon des refusés Si les acheteurs sont sensibles à l’écrin, ils le sont plus encore à la provenance, dans un secteur régulièrement éclaboussé par les faux. « Nous faisons venir 200 experts du monde entier, le top du top, pour les rassurer », poursuit Christophe de Quénetain. Ce comité chargé de l’inspection et de la validation des objets selon un cahier des charges précis, appelé « vetting », est intransigeant. Chaque marchand doit quitter son stand pendant le contrôle effectué ce mardi et mercredi, et chaque pièce doit être assortie d’une documentation précise. Tout objet douteux ou de qualité insuffisante atterrit au « salon des refusés » et n’est restitué qu’à la fin de la foire. « Mais il y a parfois de bonnes surprises : une œuvre peut aussi être réévaluée parce que le marchand ne possède pas le niveau d’expertise du comité », observe Christophe de Quénetain. Pas moins de vingt-neuf comités sont mobilisés, avec dans leurs rangs des sommités issues, par exemple, du Getty Museum de Los Angeles pour les arts décoratifs des XVIIIe et XIXe siècles, ou du Rijksmuseum d’Amsterdam pour les peintures de l’école du Nord. Aussi chaque exposant garde-t-il ses trésors pour la Tefaf et les prix dépas- sent souvent le million. L’une des œuvres les plus chères est une peinture du XVe siècle d’Asie centrale, représentant une lionne grandeur nature. Le cadeau du sultan Ahmad de Samarcande à la cour de l’empereur chinois Chenghua en 1483. Son prix : 23 millions d’euros. »