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Paris-Match

2016

Dominique Bonnet, « Le délicat cadeau de l’impératrice Marie-Louise à Letizia », Paris-Match, 10 septembre 2016:

« Le château de Fontainebleau a lancé ce jeudi un appel au mécénat pour acquérir 46 exceptionnelles porcelaines de Sèvres pour son musée Napoléon Ier. Parmi celles-ci, un cabaret dit «des princesses impériales», réellement unique.

Janvier 1813. Marie-Louise d’Autriche est depuis un peu moins de trois ans la nouvelle épouse de l’empereur Napoléon Ier. Et elle n’a pas vraiment la belle-mère dont on pourrait rêver. Mariée à 14 ans et mère de treize enfants dont huit atteindront l’âge adulte, Letizia Bonaparte a un caractère bien trempé et n’a jamais adhéré aux choix matrimoniaux de son illustre fils. Joséphine de Beauharnais, première femme de Napoléon Bonaparte, avait fait les frais de son aversion à son égard.

Est-ce pour tenter d’amadouer sa belle-mère corse? Pour les étrennes de cette année 1813, l’impératrice Marie-Louise choisit d’offrir à Madame Mère, comme on appelle alors Letizia Bonaparte, des porcelaines de Sèvres. La jeune femme qui vient de fêter ses 21 ans, elle-même maman du petit roi de Rome, joue sur la corde sensible. Le cadeau consiste en effet en un cabaret (un petit service à café) qui décline dans son ornementation, outre l’effigie de Napoléon, de Marie-Louise et de leur fils, celles des princesses de la famille impériale. Les portraits de l’Empereur et de l’Impératrice trouvent place sur la verseuse, tandis que les trois sœurs de Napoléon et deux de ses belles-sœurs s’invitent sur les autres pièces. Caroline, reine de Naples et marraine du roi de Rome, partage avec ce dernier le sucrier. Elisa, grande duchesse de Toscane, est représentée sur le pot à lait. Et sur les trois tasses on découvre Pauline, princesse Borghèse, ainsi que Catherine de Wurtemberg, l’épouse de Jérôme, et Hortense, celle de Louis.

Le château de Fontainebleau souligne, à propos de ce cabaret, que ce «rassemblement iconographique sur porcelaine» de la famille impériale est «unique au monde». On comprend donc aisément pourquoi ledit château souhaite l’acquérir pour son musée Napoléon Ier et a déjà prévu où il serait installé. «Ce « panthéon iconographique » de porcelaine jouera avec les portraits peints et sculptés de la « galerie de la Famille impériale » de Fontainebleau, rassemblement lui aussi unique au monde et écho au disparu « salon de Famille » du palais de Saint-Cloud voulu par Napoléon pour mettre en scène les princesses de la Famille impériale», peut-on lire dans le descriptif de l’appel au mécénat lancé par le château de Fontainebleau.

Ce cabaret est actuellement la propriété de l’homme d’affaires new-yorkais Richard Baron Cohen, qui souhaite aujourd’hui s’en séparer. Tout comme quelques autres porcelaines d’exception liées à l’histoire napoléonienne et pour lesquelles ce collectionneur a donné la priorité d’achat au château de Fontainebleau.

Or le montant de l’acquisition de cet ensemble classé œuvre d’intérêt patrimonial majeur par la commission des Trésors nationaux -soit 46 pièces réparties en sept lots cohérents- est estimé à 2 950 000 euros, dont 500 000 euros pour le cabaret dit des «portraits des princesses de la Famille impériale». Une somme considérable pour le château qui a donc décidé d’en appeler à la générosité des particuliers et des entreprises via une souscription publique. Baptisée «Des Sèvres pour Fontainebleau», celle-ci se déroule du 8 septembre au 9 octobre 2016, en parallèle à la présentation de ces porcelaines à la galerie Aveline à Paris dans le cadre de l’exposition «Impérial & Royal. L’âge d’or de la porcelaine de Sèvres». »