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The Art Newspaper

2018

Alexandre Crocher, » Les Français en force à la TEFAF Maastricht », The Art Newspaper, 9 mars 2018, n°5, pp. 4-5 :

« Les Français n’ontjamais été aussi nombreux à la Tefaf Maastricht que lors de cette édition, dont le vernissage VIP (suivi d’un second aujourd’hui) s’est dérouléjeudi 8 mars. Certes, Nanne Dekking, le nouveau président exécutif de la fondation qui gère la foire, et le CEO, Patrick Van Maris, sont deux Néerlandais basés le premier à New York et le second à Londres. Maisla direction a intégré l’antiquaire Christophe de Quénetain (lire son portrait dans notre édition du 8 mars), patron du secteur Antiquités, et le Parisien Franck Prazan au board of trustees. Surtout, la part des exposants français grimpe à 41enseignes sur un total de 275 stands, davantage si l’on compte celles qui ont un pied à Paris et dans d’autres pays.Un nombre inédit dû entre autres à l’arrivée de nouvelles recrues. Plusieurs ont d’abord participé à la première édition de la Tefaf New York Spring en mai 2017 avant de venir ici. Comme d’autres poids lourds internationaux d’art contemporain avant lui, Perrotin a décidé de tester cette clientèle différente. Le galeriste était toutefois absent au vernissage hier, retenu par l’Armory Show à New York, concomitant.Le stand mélange Heinz Mack, Jesus Rafael Soto, et des artistes qui ont déjà un public ici en Hollande, tels Johan Creten ou Pieter Vermeersch, et une énorme œuvre de Murakami disponible pour plusieurs millions d’euros. « Nous avons eu des questions pour chacun des artistes », se réjouit sur le stand Rudy Lacroix.Oscar Graf est lui aussi d’abord passé par New York. « Nous avions vendu la quasi-totalité du stand », confie-t-il. Cette fois, le jeune homme reste dans son champ de prédilection, !A’rts & Crafts, mais en déplaçant le curseur vers l’Italie ou la Russie, d’où provient un exceptionnel fauteuil en bois de 1905 d’inspiration Viking.« Lors de la Révolution bolchevique, il a été emporté en Allemagne. Les quatre autres connus se trouvent dans des musées russes », précise l’antiquaire. Comptez « 50 000 à l00 000 euros » pour cette rareté déjà repérée par un musée américain.La section Design est sans doute celle qui se renouvelle le plus, avec la première participation des galeries Thomas Fritsch – Artrium, spécialiste de céramiques des années 1950 ravi d’être enfin accepté après sept ans de candidatures, ou Jousse Entreprise qui couvre en mobilier et objets la même période. L’un des piliers de la section, François Laffanour, a franchi l’allée pour s’installer en face, dans le vaste emplacement libéré par l’Arc-en-Seine. Dans le secteur dévolu aux arts premiers, Bernard Dulon fait son entrée avec plusieurs pièces remarquables en ivoire dont une tête Lega de taille inhabituelle qui a figuré dans l’exposition « Prirnitivism in the 20th Century Art » organisée au MoMA à New York en 1984-1985 par William Rubin, et un appui-tête également en ivoire du Congo, passé entre les mains de Charles Ratton. En arts asiatiques, son confrère parisien Antoine Barrère (galerie Jacques Barrère) est venu lui aussi avec des pièces importantes dont une sculpture de Luohan, moine chinois Ming du xv » »xvic siècles en terre vernissée polychrome proposé autour de 1,5 million d’euros.En archéologie, la galerie Chenal a fait elle aussi un tour à la Tefaf de Manhattan – Spring et Fall – avant d’exposer ici. Parmi les « anciens », la palme revient certainement à la galerie Kugel, qui a troqué les « period rooms » pour quatre sobres cabinets. Le trophée est une pendule astronomique baroque d’Augsburg en ivoire sculpté.Cette merveille avait été vendue en 1984 chez Christie’s à New York pour 1million de livres sterling, « un record à l’époque. Avec cette somme, on pouvait acheter un hôtel particulier à New York », commente Nicolas Kugel. Puis, elle est passée dans la collection Al Tahjir. Fidèle à sa réputation de discrétion, la galerie n’a pas voulu divulguer le prix demandé aujourd’hui. Mais d’après nos informations, la somme dépasserait les 7 millions d’euros.Toutefois, la sculpture ne peut être exportée aux Etats-Unis à cause des lois sur l’importation de l’ivoire. Hier après-midi, de nombreux points rouges apparaissaient sur les stands pour les œuvres ne grimpant pas jusqu’à ces sommets. La galerie Tornabuoni avait déjà cédé plusieurs œuvres d’artistes italiens d’après-guerre, et la galerie Applicat-Prazan avait vendu une toile de Martin Barré et une autre d’Otto Freundlich. Et le milliardaire américain Ronald Lauder, qui n’était pas venu à Maastricht depuis un moment, a fait une apparition sur la foire dans la matinée.De bon augure pour la suite. »